Édito
Lionel CANESI
Président du Conseil Régional de
l’Ordre des Experts-Comptables
Provence-Alpes-Côte d’Azur
Si certains en doutaient, la situation sanitaire nous a rappelé de façon criante les deux piliers de notre profession : d’abord et avant tout la proximité et les relations de confiance que nous entretenons avec les chefs d’entreprise. Les crises agissent souvent comme des révélateurs. Celle-ci a prouvé que nos clients avaient le « réflexe expert-comptable » lorsqu’il s’agissait d’analyser une conjoncture avec lucidité, de dénouer les situations les plus complexes, monter les dossiers de PGE, enclencher les procédures d’activité partielle, solliciter les aides exceptionnelles de l’Etat ou de la région…
Mais parallèlement, cette période inédite, marquée par le télétravail, les échanges de données électroniques, la banalisation des visio-conférences, a plus que jamais démontré notre dépendance à l’univers numérique.
Comment allier ces deux exigences humaines et technologiques ? Les relations humaines sont-elles incompatibles avec la transformation numérique de notre activité ? L’intelligence artificielle est-elle annonciatrice d’un déclassement de notre profession ou au contraire, la maîtrise de la Data nous libérera-t-elle de tâches à faible valeur ajoutée économique et humaine laissant la voie à une activité de conseil et de proximité réclamée par nos clients ?
Comme à chaque fois, la vérité se trouve sur une ligne de crête. Mais comme à chaque fois, elle nous impose de prendre notre destin en main.
L’indépendance numérique de notre profession n’est pas une option, elle est devenue une urgence. Pas question de déclarer la guerre aux éditeurs de logiciels ou de se transformer en programmateurs informatiques. Mais pas question non plus de laisser à d’autres le choix des outils ou l’exploitation des données. Rester passif dans ce domaine est la chronique d’un déclassement annoncé. Ne pas s’emparer des enjeux numériques, c’est prendre le risque d’être écartés par de nouveaux acteurs. Les experts-comptables français sont trop longtemps restés dans l’inaction, il est temps d’agir et de passer des paroles aux actes.
En PACA, nous avons initié des actions fortes : création d’un incubateur destiné à repérer les start-up qui travaillent à des solutions qui concernent nos métiers ou nos clients, mise en place de formation aux nouveaux métiers dont nous aurons besoin dans nos cabinets dans les années qui viennent… Il faut aller plus loin et plus vite. Il faut surtout y aller ensemble.
L’équilibre subtil entre le numérique et l’humain. Voilà un thème essentiel qui méritait d’être placé au centre de nos débats cette année.